jeudi 18 décembre 2008

Moments monochromes

13 décembre 2006

En cette fin d'automne impitoyablement grise et orageuse, vivant depuis quatre mois mon quotidien au sein de cette foule nippone friande de routine et de discipline, une certaine lassitude s'empare de moi...
Mon japonais progresse lentement, mon français s'estompe, et mon anglais développe d'étranges tumeurs à force de le parler de façon peu naturelle.
Mes étudiants sont invariablement "fine-thank-you-and-you", de même que mes collègues d'ailleurs (dans un pays où le suicide est un réel problème, je me permets d'être sceptique).
Je passe le plus clair de mon temps coincée entre les murs de quelque building morne, ne voyant presque pas la lumière du jour.
Le Japon est là, à portée de main, mais le travail me retient d'aller le toucher, d'aller l'explorer, alors même que j'en ai follement envie.
Tout cela me pèse, et mon boulot me semble de plus en plus absurde, le temps de plus en plus long, les semaines de plus en plus épuisantes...
Comprenez-moi bien, il s'agit de lassitude, pas de déprime. Sous le ciel gris, il y a toujours la mer et les montagnes, et la routine est ponctuée d'une multitude de sourires et de petits bonheurs. Le Japon est un pays superbe et fascinant, de lui je ne suis guère lasse, non ; c'est le mode de vie relativement renfermé, répétitif et banal du "sensei" qui jette un voile sombre sur le tableau. Si bien que quand j'observe l'oeuvre dans son ensemble, je m'aperçois que ça manque de couleurs vives, ça manque de mouvement, ça manque d'espace...
Pas de quoi se surprendre ou s'inquiéter, après tout il s'agit là d'une observation que je me faisais déjà avant de venir au Japon. Le 9 à 5 n'est pas pour moi, et je fais des boutons dès que le travail se met à prendre trop de place dans ma vie. Je le sais depuis longtemps; il serait peut-être temps de l'assumer maintenant...

Aucun commentaire:

Publier un commentaire